Le Lac du Montagnon : topo depuis Aydius et retour d’expérience
Depuis septembre 2022, j’habite dans le département des Pyrénées-Atlantiques, à Pau. C’est ainsi que presqu’un an plus tard, j’ai eu la possibilité de réaliser la randonnée pour rejoindre ce fameux lac en forme de cœur que je voyais souvent passer sur les réseaux sociaux : Le Lac du Montagnon.
Accompagnée d’Alana, de Thibaut et de sa chienne Lyss, nous avons pris la direction du village d’Aydius qui est l’un des points de départ pour atteindre le lac. Nous avons choisi de bivouaquer une fois en haut pour en profiter pleinement, divisant ainsi la randonnée en deux jours. Il est cependant tout à fait possible de la réaliser en une seule journée.
Dans cet article, je te guide pour organiser ta randonnée pour le Lac du Montagnon au mieux avec un topo détaillé, une packing list et un récit de mon expérience.
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I. Randonnée pour le Lac du Montagnon : le topo
✎ Comme je l’ai indiqué en introduction, il y a plusieurs sentiers pour atteindre le lac. Nous avons choisi le plus « facile » qui part d’Aydius et c’est le seul dont je parle dans cet article.
8,4 km • 6h30 • 960 m D+ (+ 100 à 200 m pour atteindre les crêtes une fois au lac) • Sentier jaune
Lieu de départ
Une fois à Aydius, il faut continuer quelques kilomètres plus loin sur la route de Salars, d’abord Salars de Bas et ensuite Salars de Haut. On traverse un pont puis un passage canadien et en continuant tout droit sur une route non goudronnée qui s’appelle Sartiat (coordonnées GPS 43.00223, -0.51315), on arrive au parking du Col de Lassere, le départ de la randonnée. Avant, on pouvait continuer en voiture mais ce n’est plus possible depuis 2021.
Le parking du Col de Lassere
Impossible d’aller plus loin
Remontée jusqu’à l’ancien parking
Une fois stationné, il faut remonter à pied jusqu’à l’ancien parking du Bas de Barca. Ça rajoute environ 20 minutes de marche. Pour cela, une fois que tu arrives au niveau d’un croisement il y a deux chemins : soit tu continues tout droit sur la route, soit tu prends à droite, suis le panneau en bois indiquant « Lac du Montagnon » et empruntes ainsi un passage en forêt. Nous avons pris ce dernier à l’aller et la route au retour.
Le croisement
Le panneau si tu prends à droite
Le panneau un peu plus loin si tu continues tout droit
Passage en forêt jusqu’à l’abreuvoir
Une fois à l’ancien parking, il faut prendre le chemin herbeux à gauche. L’un des panneaux indique que le lac du Montagnon est à 4,2 km. Ça monte jusqu’à une clôture avec une chicane aménagée pour les randonneurs.
Ensuite, il faut traverser la forêt avant d’en sortir et de continuer à monter jusqu’à un abreuvoir où il est possible de s’arrêter faire une petite pause. L’eau est potable donc n’hésite pas à remplir ta gourde si besoin.
Arrivée à l’ancien parking
Passage en forêt
Arrivée à l’abreuvoir
Clôture avec la chicane
Direction le pierrier
On continue de monter même si le dénivelé est temporairement moins important. On finit par tomber sur une autre clôture qu’il faut traverser pour continuer tout droit vers un pierrier. Un panneau indique que le sentier à droite est interdit. Il s’agit a priori d’un chemin anciennement emprunté pour atteindre le lac mais il a été interdit pour sa dangerosité. Encore aujourd’hui des randonneurs se trompent donc fais attention et passe bien au-delà de la clôture.
Clôture avant le pierrier
Panneau passage interdit à droite
Le passage du fameux pierrier
On arrive ici devant la zone la plus casse-gueule de la randonnée. Certaines personnes ayant le vertige – comme moi – peuvent rencontrer des difficultés à ce niveau. Surtout qu’il va falloir le redescendre par la suite… Pour ma part, avec mon « type » de vertige, je n’ai pas eu de souci. Ce n’était pas la notion de vide qui m’a semblé difficile ici mais davantage le dénivelé et le fait qu’on puisse glisser facilement.
Le pierrier vu de haut – par Alana Huyghe
Il faut ensuite faire attention une fois la première pente grimpée à bien prendre sur la gauche dans l’herbe et ne pas continuer tout droit sur le pierrier. Il y a d’ailleurs un rocher avec une croix jaune qui indique donc de ne pas emprunter ce chemin et un autre avec une flèche vers le gauche. C’est facile de se tromper, personnellement je ne trouve pas les indications très visibles. Mais objectivement, continuer tout droit est tellement dangereux que pour moi ce n’était pas possible, il fallait qu’il y ait un autre chemin !
Indication mauvaise direction
Indication changement de direction à gauche
On y arrive enfin !
Dernière ligne droite ! Derniers mètres à grimper avant d’enfin arriver au Lac du Montagnon. Une fois en haut, il est à quelques mètres et tu as le pic du Midi d’Ossau sur ta gauche.
Pour voir le Lac du Montagnon de haut, tu peux grimper sur les crêtes directement sur ta droite en arrivant ou continuer tout droit vers le pic Mardas et le pic du Montagnon d’Iseye. Ça rajoute 45 minutes à 1h de randonnée (un peu moins si tu montes directement à droite).
Pour le retour, c’est exactement le même trajet en sens inverse.
Vue des crêtes à droite
Les crêtes à droite
✎ Conseils bivouac : si tu y restes dormir comme nous, je te conseille soit de poser ta tente autour du lac où tu ne vois pas de crottes de cheval ou de vache, soit de mettre ta tente où tu veux mais de l’encercler de gros cailloux pour empêcher les animaux de venir t’embêter la nuit, je sais de quoi je parle 😉 Sache que les animaux ne partent pas, ils passent la nuit là… avec leurs cloches. C’est peut-être une bonne idée de penser à prendre des bouchons d’oreilles !
II. Randonnée pour le Lac du Montagnon : packing list
Si tu ne dors pas sur place, tu n’auras évidemment pas besoin d’autant d’affaires mais ça peut quand même t’aider.
J’ai principalement acheté mon matériel sur Snowleader et un peu sur Décathlon. À l’époque, Décathlon vendait beaucoup moins d’affaires compactes spécialement conçues pour le trekking. Néanmoins, aujourd’hui c’est le cas et c’est à Décathlon que Thibaut s’est équipé pour ce bivouac et les prochains. Je te donne donc mon matériel ainsi que l’équivalent à Décathlon.
Même le toutou porte ses affaires – par Alana Huyghe
→ Couchage
- Tente MSR Elixir 2 • Tente MT900 Décathlon
- Sac de couchage Mammut Nordic Spring 180 Graphite • Sac de couchage MT900 Décathlon 0°C
- Matelas Ultralight Sea to Summit • Matelas MT500 Décathlon
- Drap de sac Décathlon : il en existe en plusieurs matières : soie, coton, polyester et laine mérinos. Le plus cher c’est en laine, puis en soie, en coton et enfin en polyester. Le coton est une matière agréable mais lourde et plutôt encombrante. Je n’aime pas du tout le polyester mais c’est à toi de voir. La laine c’est vraiment cher…
- Oreiller de trekking
→ Affaires de rando et vêtements à ne pas oublier
- Sac à dos de Trekking Deuter + une protection contre la pluie (mon sac en a une intégrée)
- Chaussures de randonnée Décathlon
- Bâtons de marche : j’en ai acheté qu’après la randonnée, pour les prochaines. C’est une pièce que je considère maintenant très importante – ça m’aurait peut-être évité une tendinite !
- Chaussettes montantes et chaudes
- K-way
- Polaire
- Tour de cou ou écharpe
- Gants
→ Repas et hydratation
- Petite bouteille de gaz
- Réchaud
- Popote
- Couverts
- Repas lyophilisé
: Alana et Thibaut les ont trouvés bons. Pour ma part, je m’étais faite des pâtes à la sauce tomate qu’il me restait juste à réchauffer - Snacks
- Briquet
- Poche à eau
- Gourde isotherme (ma gourde préférée, j’adore son principe d’ouverture)
→ Autres
- Batterie externe
- Jumelles
- Serviette microfibre
- Bouchons d’oreilles + masque pour les yeux
- Lampe de camping
- Lampe frontale
- Anti-moustiques et tiques + crème solaire + pince à tiques
- Trousse de premier secours
- Gel hydro-alcoolique + lingettes bébé
- Papier toilette
- Sacs poubelle
- Savon, éponge, torchon pour laver ta vaisselle
III. Randonnée pour le Lac du Montagnon : retour d’expérience
Un début sous les nuages
Nous partons de Pau pour environ 1h30 de route jusqu’à Aydius. Une fois arrivés, c’est le moment de mettre nos sacs de plus de 10 kg sur nos dos et de débuter l’aventure ! On a commencé la randonnée vers 15h20 ce qui est assez tard mais nous savions que nous allions dormir au lac.
Niveau météo, il faisait nuageux et plutôt frais, un temps finalement assez agréable durant ce type d’effort. Au moment du passage en forêt, il s’est mis à pleuvoir mais les arbres faisaient office de parapluie – pratique ! Nous avons grimpé une bonne partie la tête dans les nuages, nous empêchant ainsi d’évaluer ce qu’il nous restait à grimper – on va dire que c’est une bonne chose…
Arrivée à l’abreuvoir, je n’en pouvais plus ! La montée qu’on venait de faire m’avait paru interminable… Je tiens à préciser que je n’ai pas un niveau incroyable en randonnée, loin de là. J’ai une allure assez lente et un cardio relativement pourri et en plus cette fois-ci je portais 14kg de matos…
Plus haut, le ciel finit par se découvrir légèrement laissant apparaître des bouts de roches à plusieurs centaines de mètres au-dessus de nos têtes. Quand on découvre les montagnes d’un coup comme ça, on est surpris par leur hauteur ; on se sent vraiment petit !
Derniers efforts et coucher de soleil hallucinant
Arrive le pierrier casse-gueule. Ce qui est bien c’est qu’au moment de monter, personne ne descendait. C’est là que j’ai compris ce qu’on m’avait dit par rapport à un pierrier un peu flippant où tu peux avoir le vertige… Au moins, les nuages cachaient le vide donc je n’ai pas été embêtée. Le tout c’est de grimper… sans glisser.
Dernière montée bien raide avant d’ENFIN arriver au lac – épuisée pour ma part – vers 19h45. Nous avons donc mis environ 4h30 pour une montée qui prend normalement 3h10. On a fait pas mal de pauses haha.
La découverte une fois en haut de cette étendue de verdure vallonnée, avec ses vaches et ses chevaux. Le grand lac en forme de cœur à droite et le pic du Midi d’Ossau à gauche avec une sublime mer de nuages. Sommes-nous au paradis ?
Très peu de personnes restaient dormir, ce qui est une bonne chose quand on sait que certains spots de bivouac sont envahis par des dizaines de tentes. On a installé les nôtres, non sans difficulté parce qu’on a eu la très bonne idée de se mettre en plein milieu du passage du bétail.
Rapidement, les couleurs du coucher de soleil se sont installées, laissant apparaître un paysage d’autant plus majestueux. Je crois que ce fut le coucher de soleil le plus beau de ma vie.
Par Alana Huyghe
Le Pic du Midi d’Ossau
Coucher de soleil + mer de nuage + pic du Midi d’Ossau + lune
Nuit mouvementée et lever de soleil
Une fois le soleil couché, on a dîné avant de faire quelques photos des étoiles. On s’est couchés vers minuit mais j’ai personnellement passé ma pire nuit depuis des mois car les chevaux et les poulains se sont amusés autour et avec nos tentes, donnant par exemple des coups de museau. J’ai cru que j’allais mourir écrasée. Même sans parler de ça, les cloches font un boucan pas possible, d’où l’importance de prendre des bouchons d’oreilles. J’ai dû m’endormir vers 3h30 et on avait mis un réveil à 5h15 : une bonne nuit quoi…
Par miracle j’étais plutôt en forme (merci l’adrénaline) pour monter sur les crêtes de droite assister au lever du soleil. Nous avons cependant fait l’erreur de ne pas vérifier en arrivant le meilleur chemin pour y aller donc on a fini par couper tout droit. C’est rapide mais ça monte raide et cette fois-ci j’ai eu le vertige.
Par contre c’est aussi là que j’ai réalisé que j’avais mal au genou droit. Je ne le savais pas encore mais j’allais faire une montée de 200 m ainsi que plus de 1000 m de dénivelé négatif avec une tendinite qui me faisait mal même à chaud. Je n’aurais pas pu le faire sans l’aide d’Alana et de Thibaut.
Nous avons donc profité d’un magnifique lever de soleil. Vraiment splendide. Après y être restés une bonne heure, nous avons décidé de descendre pour grimper à nouveau sur des crêtes mais cette fois celles d’en face.
Vue ultime sur le Lac du Montagnon et redescente
Malgré ma douleur au genou et les chutes de pierres juste avant de grimper – un peu flippant quand même, nous avons donc pris doucement le chemin des crêtes entre le Pic Mardas et le pic du Montagnon d’Iseye. C’est assez rapide (45 minutes à 1h). Une fois en haut, il ne restait plus qu’à admirer bouche bée ce paysage spectaculaire…
Il était maintenant temps de ranger nos affaires et de repartir sans laisser de traces. Le début du retour est assez vertigineux, d’autant plus avec un sac lourd et un genou patraque. Je n’avais pas l’impression d’être stable sur mes appuis. Je n’ai pas eu le vertige au niveau du pierrier malgré un ciel cette fois dégagé mais nous avons mis plusieurs longues minutes à tout descendre. Il valait mieux être lents mais arriver au bout… En fait, ce fut la devise de ce retour puisqu’à cause de moi et de mon genou nous avons mis 6 longues heures à descendre. Nous avons mis plus de temps à descendre qu’à monter ! C’était interminable. J’ai eu le temps de me demander comment j’avais réussi à tout monter la veille.
Plus c’est dur, plus le bonheur est intense
Ça résume assez bien mon ressenti envers cette expérience. Les difficultés que j’ai vécues durant ces deux jours sont à la hauteur du bonheur que j’ai ressenti. J’y ai vu quelques-uns des plus beaux paysages de ma vie et qui plus est, juste à côté de chez moi ! Je suis fière d’être arrivée au bout. En terminant la randonnée, je me suis dit que j’allais être dégoûtée de ce sport pour un moment à cause de mon problème de genou mais finalement pas du tout… Quand on aime, on oublie la souffrance. C’est ce genre d’expériences dont tu te rappelles toute ta vie.
Je tiens toutefois à préciser que même si cette randonnée fut difficile pour moi, ça ne sera peut-être pas le cas pour toi. Certains d’entre vous sont bien plus expérimentés et la plupart des randonneurs font cette randonnée en une journée sans trop de difficultés – mais avec un sac moins lourd. C’est néanmoins un sentier classé difficile notamment en raison du pierrier et du dénivelé assez important sur finalement peu de kilomètres.
J’espère que cet article t’aura été utile et je te souhaite une très bonne randonnée !