Une journée de folie dans le Colorado

par | Mis à jour le 23/08/2022 | Publié le 01/03/2021 | Anecdotes & récits | 2 commentaires

Alicia Great Sand Dunes NP

Au sommet de High Dune

En juillet 2019, j’ai fait un road trip d’une semaine dans le Colorado. J’étais accompagnée de deux au pair que je ne connaissais ni d’Ève ni d’Adam avant ce voyage. Notre aventure se déroulait sans soucis particuliers ni faits peu ordinaires. C’est le 4 juillet, jour de la Fête Nationale Américaine, que le séjour a pris une tournure tout à fait différente. 

Dans cet article, je souhaite te raconter le récit de ma journée la plus riche en émotions de ce voyage dans le Colorado mais aussi l’une des expériences les plus mémorables que j’ai vécues en deux ans aux États-Unis. 

Se faire arrêter par un flic à 5h du matin

3h30, mon réveil sonne. J’ai passé la nuit – une petite nuit de 4 heures – dans un airbnb à environ une heure de route de Great Sand Dunes. Je me prépare à partir pour le parc afin d’assister à un lever de soleil que j’espérais exceptionnel…

Je pars seule. Les filles avaient décidé la veille qu’elles ne souhaitaient pas m’accompagner car elles voulaient profiter d’une bonne nuit de sommeil. Il faut dire que jusque-là notre road trip n’avait pas été de tout repos… Cependant, il n’était pas question pour moi de passer à côté d’une éventuelle sublime expérience. Que veux-tu ? Quand j’ai une idée dans la tête, c’est difficile de me l’enlever.

En route pour Great Sand Dunes. En pleine nuit. En solo. Je me sens bien, pas trop fatiguée ; je suis juste un peu speed car j’ai peur de ne pas arriver assez tôt dans le parc. Je roule donc un peu trop vite et puisque j’ai toujours beaucoup de chance pour ce genre de choses, je finis par me faire arrêter par un policier – première fois aux États-Unis…

Je roulais en ville à 35 MPH (56 km/h) au lieu de 25 MPH (40 km/h) ; 10 MPH de plus – ou 16 km/h – ça fait un peu trop… ??‍♀️ Mais quand il est 5h du mat’, qu’il n’y a personne et qu’en plus, tu es légèrement pressé(e), ça va vite… Non ? En tout cas, le flic, lui, ça ne lui a pas plu – logique, c’est son job d’embêter les gens qui roulent trop vite. Il a allumé ses gyrophares juste avant la sortie de la ville pour me prier de bien vouloir m’arrêter sur le bas côté. 

Mes sentiments sont partagés entre stress et euphorie. Les flics américains peuvent être flippants mais en même temps je suis un peu ailleurs, comme une meuf qui n’a dormi que 4h pour aller grimper sur des montagnes de sable…

Bonjour M. l’agent ! Il a l’air de bonne humeur : « Mais pourquoi ce sont toujours les femmes qui conduisent trop vite ? » me demande-t-il. Je souris – oui, je sais c’est sexiste… Il me demande les papiers du véhicule tout en me posant 3000 questions : « que faites-vous là toute seule à 5h du mat’ ? où allez-vous ? d’où venez-vous ? ». Il ne me fait pas faire de test d’alcoolémie et part vérifier mes papiers. Il revient : pas d’amende. Ouf ! 

L’ambiance s’est ensuite bien détendue. Il m’a demandé de lui dire quelque chose en français : « merci de ne pas m’avoir mis d’amende » est la première chose qui m’est venu à l’esprit Je lui fais la traduction, il rigole ; c’est mon pote maintenant ! Bref, j’ai eu de la chance, il a été sympa avec moi. 

J’avais quand même perdu 10 minutes dans tout ça, 10 précieuses minutes pour voir mon lever de soleil. Néanmoins, au final il m’a peut-être évité un accident puisqu’il m’a donné un très bon conseil qui était de faire attention aux biches sur la route à l’approche du parc national. J’ai ainsi ralenti et ouvert grand les yeux et j’ai bel et bien évité une biche de peu… Merci M. l’agent ! 

Randonnée sur les dunes et lever de soleil exceptionnel

J’arrive au parking de Great Sand Dunes vers 5h30. Ce que je n’avais pas forcément réalisé c’est qu’il fallait un peu de temps quand même pour arriver au sommet des dunes, or le lever de soleil était prévu pour 5h45. 15 minutes, c’est un peu short Je me lance dans une course contre la montre dans l’optique de battre le soleil – je suis un peu trop optimiste. Je me dépêche, j’arrive devant Medano Creek, j’enlève mes chaussures, mes chaussettes, je cours dans l’eau glaciale, je m’essuie les pieds, je remets mes chaussettes et mes chaussures, je continue de courir. Je suis déjà essoufflée alors que je n’ai pas commencé à gravir les dunes… 

Ça commence à monter, je marche vite, je fais mon possible avec mon cardio pourri. Je respire très difficilement donc je fais des courtes pauses assez régulièrement juste histoire de ne pas faire un malaise au milieu de nulle part. Le soleil commence à se pointer mais il est caché derrière les montagnes ; j’ai encore un peu de temps ! L’exercice de la randonnée dans le sable est pénible ; c’est particulièrement frustrant car à chaque pas en avant, tu glisses d’un demi-pas en arrière. La pente est raide. Tu n’as qu’une envie c’est de marcher sur un sol dur…

Pour trouver mon chemin, j’ai suivi un gars qui était parti un peu avant moi. Je suis d’abord arrivée à une première dune que je croyais être la plus haute. J’ai ensuite réalisé que non, ça ne l’était pas et que ce n’était pas terminé. Ma motivation était à son summum. Le paysage était spectaculaire. Après un autre effort surhumain – LOL – j’arrive au sommet de High Dune, les chaussures remplies de sable. Nous étions cinq à y être à environ 6h30 ; trois personnes qui voyageaient ensemble, le gars que je suivais et moi-même. Je n’en revenais pas de ce que je venais de faire ; j’avais dormi 4 heures, j’avais à peine mangé et je venais de réussir à grimper les dunes et arriver à temps pour le lever du soleil. Où avais-je puisé toute cette énergie ? Parfois, on ne soupçonne pas ses capacités…

Rencontre avec Seth

High Dune Seth

Au sommet de High Dune

Au sommet de High Dune, je respire et reprends doucement mon souffle. Mon rythme cardiaque ralentit. Je vide le sable de mes chaussures. Je profite de la beauté de l’horizon ; elle est telle qu’il faut le voir de ses propres yeux pour réaliser son ampleur. Le soleil domine maintenant les montagnes et donne sa couleur dorée au sable. La forme des dunes est mise en valeur par le jeu d’ombres et de lumière. L’étendue de sable semble infinie.

Au bout d’un moment, les trois personnes qui étaient ensemble redescendent. Je me retrouve seule avec le gars que j’avais suivi depuis le début. On commence à discuter ; je lui demande s’il peut me prendre en photo – il me faut bien un souvenir de cette expérience inoubliable ! Je le photographie à mon tour. Il est du Maryland – là où je vis – mais vient d’arriver dans le Colorado. On a le même âge, il est photographe amateur. On discute et on finit par échanger nos numéros. Depuis, on a gardé contact ; on s’échange des nouvelles de temps en temps, il m’envoie des clichés de ses voyages et m’en donne quelques-uns pour le blog. Bref, je me suis fait un pote au milieu de nulle part à 6h du mat’ !

Descente des dunes et retour avec les filles

On a couru et dévalé les dunes ensemble. En 30 minutes, on était retournés à nos véhicules. La descente est beaucoup plus rapide que la montée ! C’est là que je me suis fait bouffer par les moustiques qui n’ont pas hésité à me sucer le sang à travers mes vêtements (n’oublie pas le spray !). 

La randonnée fut très difficile mais ça valait tellement le coup. Je suis fière d’avoir réussi à monter jusqu’à High Dune. Si j’avais su ce qui m’attendait, je ne suis pas sûre que je me serais lancée. J’ai eu des courbatures aux jambes et aux fessiers pendant 3 jours

C’est l’une des meilleures expériences que j’ai vécue ; j’ai surmonté le challenge physique tout en étant entourée d’un paysage surréaliste. J’ai aussi rencontré Seth et il faut dire que ça fait plaisir d’échanger avec quelqu’un dans ces circonstances. 

Plus tard dans la matinée, je suis revenue avec les filles. Néanmoins, ce n’était plus du tout la même chose ; il y avait beaucoup de monde et les dunes n’étaient plus aussi belles car le soleil, trop haut, ne les mettait plus en valeur. Il m’aurait été beaucoup plus compliqué de faire la randonnée dans ces conditions et le spectacle n’aurait pas été aussi satisfaisant…

Un airbnb glauque pour la nuit

Après notre visite de Great Sand Dunes, nous avons pris la route pour Pueblo. C’est là que nous avions réservé un airbnb pour la nuit. En arrivant, nous avons découvert un logement vraiment pas terrible – on peut même dire sordide, glauque, ignoble, tout ce que tu veux : porte d’entrée et fenêtres défoncées ou quasi inexistantes, mauvaises odeurs, logement sale et absence de porte entre la salle de bain partagée et leur chambret’as cru que j’allais prendre ma douche devant toi en fait ? Oui, parce qu’il faut expliquer que le logement n’était pas entièrement pour nous. Nous louions seulement la chambre, ce que nous avions déjà fait précédemment. Mais là, ce n’était pas possible. Le gars nous a dit que deux d’entre nous pouvaient dormir sur le lit et que la troisième pouvait passer la nuit sur le canapé dans le salon, là où il jouait à la play en fumant ces cigarettes. What the f*** !

Nous sommes donc parties et avons essayé de trouver une chambre dans trois motels différents. Le sort s’acharnait sur nous puisqu’il y avait toujours quelque chose qui n’allait pas (pas d’eau chaude, chambre trop chère). On a finalement trouvé un motel qui semblait correct. Mais pour clôturer cette journée de dingue, nous avons eu un souci avec la douche. Un soi-disant plombier – on n’était pas certaines qu’il en soit vraiment un – a toqué à la porte de notre chambre.

On commençait à devenir parano et cette ville ne nous inspirait pas confiance donc on a décidé de ne pas ouvrir. Le gars a bien insisté et nous criait dessus parce qu’on ne voulait pas ouvrir – la relation client ce n’est pas leur fort à eux. Il a fini par partir et nous en avons profité pour aller à l’accueil demander ce qui se passait. Cette personne était-elle vraiment le plombier ? Dis comme ça, j’avoue que la situation peut paraître absurde. Au final, on s’est fait des films et il y avait une fuite dans la chambre d’en dessous, probablement à cause de notre douche… Quand allons-nous enfin pouvoir être tranquilles ? Ils nous ont changées de chambre et tout est rentré dans l’ordre. 

Conclusion sur cette journée mémorable dans le Colorado

Cette journée est gravée dans ma mémoire ; malgré les péripéties, je réalise que ce que je retiens le plus est le lever de soleil au sommet de High DuneC’est grâce à ces expériences hors de ma zone de confort et aux difficultés parfois rencontrées que j’ai appris au fur et à mesure des voyages à prendre du recul, à garder mon calme et à faire confiance à mon instinct.

Malgré certaines expériences un peu moins fun, je suis très rarement rentrée en me disant que je ne repartirai pas. Les moments de bonheur sont tels que les péripéties ne viennent pas les gâcher. C’est l’aventure en fait ! Si on a peur que tout ne se passe pas comme prévu, on ne part pas… parce que ça ne se passe jamais comme on l’a planifié.

La seule fois où j’ai mis un peu de temps à me remettre de mes mésaventures en voyage c’est à la suite de mon trip à Nashville et à Atlanta. Tu peux découvrir l’histoire en lisant mon article Je raconte ma pire anecdote de voyage.