Je me suis faite opérer aux États-Unis (en tant qu’au pair)

par | Mis à jour le 11/01/2023 | Publié le 08/10/2022 | Anecdotes & récits

Au cas où tu n’aurais pas suivi, j’ai été au pair aux États-Unis ; c’est comme ça que j’ai pu voyager autant dans le pays. Tout se passait très bien mais comme la vie n’est pas un long fleuve tranquille, je suis tombée malade. Comment un simple mal de gorge a fini par me faire passer par la case « urgences » pour terminer en salle d’opération aux États-Unis ? Je te raconte ça tout de suite.

Pour cette anecdote qui fut un basculement dans ma vie d’au pair, je souhaite te livrer mon expérience mais aussi des informations pratiques concernant le système de santé américain et le montant des soins que j’ai dû payer. Je sais que c’est un sujet qui intéresse et pour cause, le système américain est bien différent du système français.

Rassure-toi, mes soucis de santé ne furent pas graves et mon opération est courante pour les médecins. Tout s’est parfaitement bien déroulé et je n’en garde même pas un mauvais souvenir. Nous verrons toutefois qu’avoir une assurance qui prend en charge ses éventuels frais médicaux lors d’un voyage aux États-Unis (ou ailleurs) est quelque chose auquel il faut penser. On ne sait jamais ce qu’il peut se passer !

I. Comment ai-je fini par me faire opérer des amygdales aux États-Unis ?

1. Les premières douleurs

Je revenais de voyage. Les enfants venaient de reprendre l’école et je commençais mes cours de Psychologie de la personnalité dans le cadre des crédits à obtenir en tant qu’au pair. Tout roulait, j’avais passé un été incroyable. Mais c’était sans compter sur ce fameux mal de gorge qui commençait à s’installer.

Des maux de gorge, j’en ai eu beaucoup. Ça ne loupait jamais, j’y avais droit chaque année, plusieurs fois par an parfois. Ce n’est pas la fin du monde, on attend que ça passe en buvant du thé avec beauuucoup de miel. Mais en ce qui me concerne d’habitude je vais quand même chez le médecin au cas où il s’agirait d’une angine blanche qui nécessite des antibiotiques.

Aux États-Unis, où à chaque fois que j’allais voir le docteur je devais sortir péniblement de ma poche une franchise de $50 – soit un quart de mes revenus hebdomadaires – c’est un peu différent. Quand t’as un souci, tu temporises, surtout si tu as « juste » mal à la gorge.

Par conséquent, tu t’improvises médecin et tu examines ta gorge devant ton miroir à l’aide de la lampe torche de ton téléphone en faisant « aaaaaaahhhhh » la bouche grande ouverte. 

2. Ça ne passe toujours pas…

Quand j’attends que ça passe…

Très vite c’est devenu ce que j’appelle dans mon journal « un vrai mal de gorge », genre le truc qui t’empêche d’avaler ta salive. Mais j’ai continué ma vie tant bien que mal jusqu’à ce fameux matin où je sentis que la douleur était devenue encore plus forte.

Je précise que je n’avais pas une once de fièvre, ce qui me confortait malheureusement dans l’idée de ne pas aller chez le médecin.

C’est en plein milieu de la nuit un weekend alors que je n’arrivais pas à dormir que je réalise que ce n’est pas normal (il était temps !) et que je prends rendez-vous chez le docteur pour le lendemain, dimanche à 10h00. 

3. Le médecin puis… les urgences !

Je me rends chez le médecin avec Alana. Elle m’examine et m’indique que j’ai probablement un abcès lié à une infection du streptocoque (la bactérie responsable de l’angine). Puis, elle me dit qu’il faut que j’aille aux urgences. Je ne suis pas surprise puisqu’à ce moment-là ça fait déjà plusieurs jours que je ne peux rien avaler, ni boire, ni même parler normalement. J’étais également étonnée de voir que je pouvais supporter ce niveau de douleur, moi qui suis plutôt chochotte en temps normal.

Le médecin fait en sorte que les urgences nous attendent. On arrive à l’hôpital où je suis prise en charge assez rapidement. On me perfuse pour m’hydrater et on me file des médicaments qui ont pour effet de réduire l’abcès me permettant ainsi de m’exprimer plus aisément. Ils me font aussi un CT Scan (examen radiologique). On a passé 5h à l’hôpital ; ils m’ont dit que je devais aller voir un ORL le lendemain pour qu’il draine l’abcès (désolée c’est dégueu) et ils m’ont donné une ordonnance pour des antibiotiques.

Aux urgences

4. Rendez-vous chez l’ORL

On enchaine les rendez-vous (et c’était loin d’être terminé). Je me suis donc rendu chez l’ORL conseillé par l’hôpital le lendemain. Il se trouve que cet ORL n’acceptait pas les assurances. Oui, il y a des médecins qui ne prennent pas les assurances. Le plus fou c’est qu’ils ont bel et bien des patients. 

L’ORL me prend en consultation. Je lui explique que je suis au pair, que je n’ai pas trop d’argent. Elle me dit que pour « éviter que je ne m’embête à chercher un autre spécialiste » elle me fait un prix, soit 50% de remise. Combien penses-tu que j’ai payé ?

289 boules. Donc tarif plein $578. La consultation a duré 15 minutes. Voilà voilà. Bon, aujourd’hui j’ai un peu plus la notion des tarifs de santé aux États-Unis car j’ai des copines qui ont des factures de $800 pour un rendez-vous gynéco mais à l’époque, ça me paraissait hors de prix. Enfin, je trouve toujours que c’est hors de prix… sans compter que le parking aussi est payant ! Hahaha.

Bref, je lui dis « ok », allez-y, débarassez-moi de ce truc dans ma bouche que je puisse retrouver une vie normale.

Ce fut rapide, en gros c’est juste une ou deux entailles. J’ai perdu d’un coup toute la pression que j’avais dans la bouche depuis des jours.

Une fois terminé, je passe à la pharmacie prendre les antidouleurs qu’elle m’a prescrits. J’en avale deux avant de démarrer et de rentrer chez mes hosts (= famille d’accueil). Sauf que c’était de la morphine et que je n’avais pas vu… C’est un autre truc que j’ai appris pendant cet épisode : ils te filent des opiacés très facilement et c’est d’ailleurs la cause d’une crise nationale aux États-Unis. J’ai donc conduit à moitié défoncée – pas bien je sais – et j’ai pleuré durant tout le trajet. C’était fini !

5. Non, ce n’était pas fini…

J’ai le seuuum

Quelques jours plus tard, j’avais de nouveau mal à la gorge. Ayant appris ma leçon, je ne perds pas de temps pour aller consulter un médecin. C’est la même dame qui me prend en charge et qui me dit que j’ai de nouveau un abcès. Génial. Elle me prescrit des antibiotiques. Le lendemain, je me réveille après avoir passé la nuit à baver sur une serviette, avec un gros gonflement du côté de l’abcès, une forte douleur et je ne pouvais quasiment plus parler, ni boire, ni manger. Encore.

J’étais chez mes hosts, seule ; je les ai appelés et ma host m’a accompagnée à l’urgent care à côté de chez nous. L’abcès a commencé à se drainer tout seul dans la salle d’attente ; je me suis retrouvée aux toilettes la tête au-dessus du WC comme si j’étais en train de vomir (avec ma host qui venait me voir de temps en temps, #situationmalaisantedeouf). J’ai ensuite eu droit à une piqure d’antibiotiques et à encore davantage de médicaments !

J’ai passé l’anniversaire de ma host kid sous oxycodone ; j’ai pu manger un peu.

J’en suis arrivée à un point où quand je dormais, j’avais peur de m’étouffer dans mon sommeil.

Deux jours plus tard, l’abcès avait dégonflé et je n’avais plus mal mais je ne pouvais toujours pas ouvrir ma bouche entièrement.

Je suis retournée chez l’ORL (un autre qui prend les assurances cette fois) ; il m’a dit que normalement après 2 abcès il est conseillé de se faire retirer les amygdales…

6. L’opération

J’avais bien envie de cette opération parce que je ne voulais pas risquer de me retrouver avec un abcès lors d’un voyage je ne sais où. Je précise aussi que l’option « retour en France » n’était pas envisageable pour moi à moins d’en être absolument contrainte. 

Il fallait que je demande l’autorisation à l’assurance. Pour ce genre de choses, je ne pouvais pas me faire opérer tranquilou et demander le remboursement ensuite. Il fallait leur accord en amont (c’est très souvent le cas).

L’opération d’ablation des amygdales est un acte simple et rapide qui dure environ 30 minutes. Le problème c’est la convalescence : c’est plus facile quand t’es enfant mais pour un adulte, elle dure deux semaines et est douloureuse.

L’assurance m’a annoncé qu’elle couvrait l’opération. Youpi !

La date de celle-ci était maintenant connue, un lundi deux semaines plus tard. Le weekend qui l’a précédé, nous avons passé quelques heures au parc national Shenandoah en Virginie. Une dernière petite sortie avant de ne rien pouvoir faire pendant 15 jours. J’en ai aussi profité pour manger un gros burger avant de devoir me nourrir exclusivement d’aliments liquides. J’ai énormément stressé ; ça allait être ma première opération sous anesthésie générale.

Le jour de l’opération je suis accompagnée par ma host. Nous arrivons dans un petit centre de chirurgie, pas dans un hôpital. J’ai vu tour à tour des infirmières, l’anesthésiste puis le chirurgien. On m’a posé plusieurs fois les mêmes questions : si j’avais mangé, si j’avais bu, etc. Je devais être à jeun pour l’opération.

Le chirurgien m’a fait encore plus peur en me parlant de la douleur que j’allais ressentir ensuite. Merci.

Je me suis changée, j’ai enfilé une blouse bleue puis j’ai pissé dans un pot pour savoir si j’étais enceinte. On m’a perfusé pour m’hydrater. On m’a ensuite amené dans la salle d’opération, tout le monde était souriant et gentil, c’était hyper réconfortant. Je me suis allongée, on m’a perfusé l’anesthésiant et j’ai perdu connaissance. Trente minutes plus tard, je me suis réveillée dans une autre salle avec une envie de cracher mais il ne fallait pas ! Ne pas cracher. Je ne sais plus pourquoi.

À partir de ce moment-là, c’est assez flou. Ma host m’a raconté que j’avais dû demander 4 ou 5 fois les antidouleurs. Elle m’a dit que je devais avoir mal mais la vérité c’est que je n’avais pas encore mal, j’étais juste obsédée par le fait que je ne voulais pas avoir mal. Mon inconscient demandait les antidouleurs. Nous sommes ensuite parties de la clinique.

7. La convalescence

Convalescence

Back home

Je ne suis pas sortie de chez mes hosts pendant deux semaines. J’ai passé 95% de mon temps dans ma chambre et plus particulièrement dans mon lit. Je mangeais tout le temps la même chose au point que ce qui me paraissait appétissant au début me dégoutait à la fin. D’ailleurs depuis je déteste la soupe à la tomate.

La douleur était bien moindre que ce à quoi je m’attendais. Deux raisons à cela :

  • J’avais tellement souffert avant l’opération que la douleur que je ressentais désormais me semblait beaucoup plus supportable ;
  • J’étais sous oxycodone toute la journée, ce qui a dû aider…

→ Le problème que j’ai eu avec l’oxycodone :

Si je me rappelle bien, j’avais droit à 3 comprimés par jour et je n’en loupais jamais un même si je pense que j’aurais pu. J’avais vraiment peur d’avoir mal. Ainsi pendant une semaine, j’étais défoncée h24. Je ne pouvais pas lire ni regarder un film. J’avais beaucoup d’amis qui venaient me voir donc soit je parlais avec eux, soit je dormais, soit j’étais sur mon téléphone.

Au bout d’une semaine, j’ai voulu arrêter l’antidouleur et j’ai réalisé que la douleur était encore une fois largement supportable. Cependant, j’ai très vite commencé à ressentir des symptômes étranges : tremblements, sensations de chaud puis de froid, maux de tête, nausées, etc. Je ne me sentais vraiment pas bien.

J’ai mis deux jours à comprendre ce que j’avais : mon corps était en manque. Il demandait de l’oxycodone et j’avais les symptômes d’un sevrage. Il avait suffi d’une semaine au médicament pour créer une sensation d’addiction « physique » parce que mentalement j’étais plus que déterminée à arrêter. Mais si ça n’avait pas été le cas, j’aurais pu continuer à en prendre, devenir dépendante et trouver un moyen d’en obtenir de nouveau.

Par conséquent, j’ai mieux vécu ma première semaine de convalescence que la deuxième. Si j’avais pris les médicaments jusqu’au bout des deux semaines, je n’aurais pas pu m’occuper des enfants et il m’aurait fallu une semaine de plus de repos.

Le plus incroyable c’est que pas un seul médecin m’avait prévenu de l’effet que peut avoir le médicament. Déjà, on ne te parle même pas de l’effet immédiat qui est que tu es high toute la journée. Même si ça peut paraître logique, en parler rapidement avant l’opération me semble utile. Mais on te parle encore moins de dépendance, des symptômes liés au manque, etc. On ne te dit rien.

Les gens qui contrairement à moi ne peuvent pas passer une semaine dans leur lit à ne rien faire, qui doivent travailler, s’occuper de leurs enfants, continuent simplement à en prendre…

Ma tête de défoncée à l’oxy

7. Retour à la normale

Au bout de ces deux semaines, j’étais enfin soulagée que tout cela soit derrière moi. J’ai pu reprendre ma vie. J’ai trouvé très étrange de retourner dehors, de conduire, de sentir le vent contre ma peau. J’avais l’impression que je ne savais plus « vivre normalement », comme s’il fallait tout réapprendre.

Dans toute cette histoire, j’avais quand même perdu 4 kilos que je n’ai jamais repris, j’ai même continué à perdre. J’avais faim mais en même temps j’étais dégoutée par la nourriture.

Les mois qui ont suivi, j’étais beaucoup moins en forme, je tombais tout le temps malade, j’étais tout le temps faible, fatiguée.

J’ai tout de même eu une chance immense d’avoir une famille d’accueil à mes soins, qui m’a accompagnée tout au long de cette épreuve, qui m’a donnée deux semaines de « congés » pour que je puisse me faire opérer et me reposer. Je n’aurais pas pu rêver mieux.

II. L’aspect financier et le rôle de l’assurance

Frais médicaux

J’ai gardé des traces de ce que toute cette histoire m’a coûtée. J’avais aussi noté dans mon journal le montant qui m’avait été remboursé par l’assurance donc en voici le détail !

1. Le coût de mon infection des amygdales

Dans l’ordre chronologique :

  • Docteur 1 : j’ai payé $50 qui correspond à la franchise + $35 pour le test angine blanche = $85 ;
  • Urgences : j’ai reçu la facture de $350 quelques jours plus tard correspondant à la franchise de l’assurance ;
  • ORL : j’ai payé $289 ;
  • Les médicaments : $72 ;
  • Docteur 2 : franchise de $50 ;
  • Médicaments : $133 ;
  • Opération : $50 de franchise.

Total = $1029

J’ai demandé le remboursement pour les frais suivants :

  • $35 pour le test angine ;
  • $289 pour l’ORL (ma host m’a dit d’essayer même si comme expliqué précédemment le docteur ne prenait pas les assurances) ;
  • $72 pour les médicaments ;
  • $106 pour les médicaments ;

Total = $502

J’ai été remboursée dans un premier temps de $289 que j’attribue à l’ORL. Un miracle ! Comme quoi, il faut tenter parfois. J’ai reçu un deuxième remboursement d’environ $200. Ça fait donc un total de $489 soit à quelques dollars près le montant dont j’avais demandé le remboursement.

Cette histoire m’a donc coûté :

  • $350 pour les urgences ;
  • $150 pour les franchises des médecins et de l’opération ;
  • $27 de médicaments pour lesquels je n’ai pas demandé le remboursement ;
  • $13 (environ) de non remboursé par l’assurance. 

Total = $540

2. L’importance de l’assurance

En tant qu’au pair, je n’ai pas choisi mon assurance. Je suis partie avec l’agence Calvin Thomas qui utilisait l’assurance GBG et je n’ai rien payé car cette agence prend en charge le coût de l’assurance. C’est une des raisons qui m’ont motivée à partir avec eux. D’autres agences te font payer au moins $500.

Sans assurance, tu peux imaginer que les frais médicaux auraient explosé. Rien que l’opération m’aurait couté $3790 alors que j’ai seulement payé $50. Sans compter que je n’aurais pas reçu les $489 de remboursement. Et je ne te parle même pas des médecins que j’ai été voir et pour lesquels je n’ai même pas eu besoin d’avancer les frais…

C’est vrai que c’est de la paperasse et qu’il m’a fallu les appeler une fois parce qu’ils étaient un peu perdus avec tous les documents que je leur avais envoyés. Mais au final, ça vaut le coup !

Bref, rares sont les personnes qui partiraient pour 1 an ou plus aux États-Unis sans assurance santé. Mais dis-toi que si tu pars deux semaines en vacances aux États-Unis, il est aussi important que tu sois couvert(e) d’une manière ou d’une autre. Je t’invite à lire mon article Faut-il prendre une assurance santé pour son voyage aux États-Unis ? J’y détaille différentes options pour t’aider à y voir plus clair. 

Prévoir les imprévus

J’avais essayé de prévoir les éventuels problèmes médicaux avant de partir aux États-Unis, notamment en me faisant opérer des deux dents de sagesse qui me restaient. Mais j’aurais dû penser aux amygdales lol.

En conclusion, j’ai envie de dire que je n’ai pas de chance mais ça serait terminer sur une note négative, donc non. 

Le côté positif c’est que depuis que je n’ai plus mes amygdales, je n’ai plus mal à la gorge. Une méga révolution dans ma vie

J’espère que le récit de cette péripétie t’aura intéressé(e), que tu as appris quelques petites choses sur le système de santé américain et que tu te rends compte de l’importance d’avoir une assurance, surtout pour un voyage sur le long terme. Mais aussi, qu’il est important de garder en tête que quand tu pars en voyage, c’est toujours mieux d’avoir un peu d’argent de côté au cas où, rien que pour pouvoir payer les frais médicaux non remboursés et les franchises. Voilà pour les conseils. Cette anecdote touche à sa fin ! Prend bien soin de toi 😉